Maroc: 4 journalistes et un député condamnés pour publication d’informations « confidentielles »
Six mois de prison avec sursis et une amende de 10.000 dirhams (920 euros) pour chacun des prévenus c’est la peine prononcée par la justice marocaine contre quatre journalistes et un parlementaire marocains.
Les prévenus ont été reconnus coupables de publication d’informations considérées comme « confidentielles », par le Royaume.
Les quatre journalistes étaient poursuivis depuis début 2018 pour avoir publié des extraits de débats d’une commission d’enquête parlementaire consacrés
au déficit de la Caisse marocaine de retraites (CMR), suite à une plainte du président de la deuxième chambre du Parlement.
Jugé dans la même affaire, un député membre de la centrale syndicale Confédération démocratique du travail (CDT), accusé d’avoir fourni aux journalistes les informations sur ces débats, a été condamné à la même peine pour « violation du secret professionnel ».
Un verdict que Mohamed Aheddad, un des journalistes condamnés a remis en cause au micro de l’Agence France presse.
Pour lui, ces peines prononcées par le tribunal de première instance de Rabat sont contre « la liberté d’expression ».
La défense avait plaidé l’acquittement, le parquet requis des peines de prison ferme, entre un et cinq ans selon la loi sur les commissions
parlementaires.
Abdelhak Hissan, le parlementaire pour qui « Ce verdict est injuste et n’est basé sur rien », a estimé que les journalistes n’avaient « fait que leur travail ».
Un nouveau Code de la presse qui ne prévoit plus de peines de prison est entré en vigueur en août 2016, mais les journalistes continuent d’être
poursuivis selon le Code pénal au grand dam des ONG comme Human Rights Watch (HRW), Amnesty et Freedom Now qui s’inquiètent des condamnations de journalistes en vertu du Code pénal.
Dans son dernier classement annuel sur la liberté de la presse, Reporters sans frontières (RSF) a classé le Maroc 135e sur 180 pays.